Comprendre
la Banque
Introduction
Le monde de la banque semble bien mystérieux pour beaucoup de gens.
Certes, chacun connaît sa banque par les opérations qu'il y effectue
ou les crédits qui lui sont octroyés. Mais qui sait ce qui se
passe réellement derrière les guichets ?
1. L’histoire de la banque
1.1. D’où vient le mot « banque » ?
Le mot “banque” trouve son origine au Moyen Age. Il dérive
de l’italien “banca” qui désigne un banc en bois sur
lequel les changeurs de l’époque exerçaient leur activité.
Pourtant, dans les temps anciens, existaient déjà certaines
activités auxquelles on peut donner le nom de banque.
1.2. L’Antiquité
La Mésopotamie et Babylone
Plus de 3000 ans avant J.-C., les activités “bancaires” de
l’époque présentent un caractère religieux.
Ainsi, les prêtres:
- reçoivent des offrandes de personnes désireuses de bénéficier
de la protection divine;
- rassemblent des ressources énormes par l’accumulation de petits
dons: grains, bétail,…
- prêtent aux commerçants et aux agriculteurs: champs, bétail,
esclaves,…
- consignent ces opérations sur des tables d’argile.
La multiplication de ces opérations fait apparaître la nécessité
de fixer des normes pour les opérations bancaires. C’est Hammourabi
(1955-1913 avant J.-C.) qui établit le premier code (Code Hammourabi).
La Grèce
La Grèce antique constitue le berceau de développements importants
de l’activité bancaire.
Les premiers banquiers grecs: les collubistes et trapézistes prennent boutique et deviennent des banquiers. Ils reçoivent des dépôts et accordent des prêts.
Les premières banques publiques: au 4e siècle avant J.-C., les Etats et les villes de Grèce créent les banques publiques chargées de garder les fonds publics, d’encaisser les recettes et de payer les dépenses.
Rome
Les Romains ne sont guère attirés par les activités bancaires,
du moins à l’origine: c’est un peuple d’agriculteurs
plus que de commerçants. Leurs conquêtes militaires vont toutefois
les mettre en contact avec de nombreux peuples méditerranéens
et susciter des échanges commerciaux qui posent des problèmes
tels que le change des monnaies, la levée et le transfert des impôts,
l’entretien des armées en campagne. A partir du 2e siècle
avant J.-C., une économie de type capitaliste s’instaure à
Rome et la
vie des affaires se développe. L’apport romain concerne surtout
les bases juridiques solides relatives aux dépôts, aux prêts
et aux opérations financières.
1.3. Le Moyen Age
Après la chute de l’Empire romain (395 après J.-C.) et
la création des empires romains d’Occident et d’Orient, on
observe des évolutions différentes : les banques prospèrent
à Byzance, tandis que l’Occident se féodalise. Menacés
au Nord par les grandes invasions et au Sud par la poussée de l’Islam,
les peuples occidentaux se regroupent à l’abri des châteaux
forts ou des monastères. Dans la société féodale,
les besoins de crédit sont faibles. Les monnaies existantes présentent
une grande disparité.
Le changeur, premier banquier du Moyen Age
Charlemagne
En 789, Charlemagne étend aux laïcs l’interdiction du prêt
à intérêt. Les Syriens disparaissent.
Après Charlemagne: les Juifs et les monastères
Pendant deux ou trois siècles, on ne trouvera plus de crédit
en Occident que chez les Juifs,
qui se spécialisent, suite notamment à l’interdiction du
prêt à intérêt par l’Eglise, dans le prêt
sur gage, ou dans les monastères, qui jouent le rôle de banquiers
dans les campagnes:
ils reçoivent des offrandes des croyants et des dépôts
des particuliers; en échange, ils accordent des prêts à
l’agriculture en prenant une garantie foncière ou en participant
aux bénéfices réalisés par l’emprunteur.
Les Lombards, précurseurs de la lettre de change
et du crédit
Dès le 10e siècle, les navigateurs marchands italiens sont aussi
bien accueillis dans le monde byzantin que dans le monde arabe et la monnaie
recommence à circuler. Les croisades, dont la première se situe
entre 1096 et 1099, constituent un pas important dans le rétablissement
du commerce entre l’Occident et l’Orient.
1.4. La Renaissance – du début du 15e à
la fin du 16e siècle
L’histoire de cette période est marquée par plusieurs événements
importants : la fin de la guerre de Cent ans, l’invention de l’imprimerie,
la prise de Byzance par les Turcs, la découverte de l’Amérique,
les guerres de religion. L’activité bancaire en est marquée
mais l’élément le plus marquant est l’apparition (réapparition)
des banques publiques.
Expansion des banques
privées en Europe
Les banques privées continuaient cependant à se maintenir ou
à se répandre à travers l’Europe. Ces banques s’adressaient
à la clientèle des négociants et des particuliers, mais
aussi aux industriels et aux pouvoirs publics.
Les premières bourses
La suprématie commerciale des pays de la Méditerranée
s’estompe à la fin du 15e siècle. Le commerce se développe
rapidement en Europe du Nord, ce qui nécessite la création d’organismes
permanents adaptés à des transactions quotidiennes (et non plus
périodiques comme dans les foires) : les bourses, qui ne traitent pas
uniquement les marchandises mais aussi les lettres de change et les actions
de société. La création des bourses affirme la distinction
fondamentale entre :
· les marchés financiers : où
vendeurs et acheteurs, prêteurs et emprunteurs viennent à la
rencontre les uns des autres et font affaire entre eux;
· les banques : qui traitent séparément,
sous leur propre responsabilité, avec chacune des parties.
1.5. Les 17e et 18e
siècles
Aux 17e et 18e siècles, l’ère des précurseurs est
terminée pour la banque européenne. Tous les pays, même
ceux qui sont restés fidèles à la religion catholique,
ont fini par admettre, au moins tacitement, la légitimité du
taux d’intérêt. De nombreux établissements bancaires
voient le jour un peu partout. Les plus importants d’entre eux suscitent
une attention croissante des Etats. Les places bancaires de Lyon, Gênes,
Genève se développent. Les banques d’émission :
la naissance mouvementée du papier-monnaie
1.6. Le dix-neuvième siècle: l’âge d’or
Dans l’histoire de la banque, le 19e siècle apparaît comme
une époque de croissance et de stabilité. A l’instigation
de l’Angleterre, des Etats-Unis et de la France, tous les pays vont au
cours du 19e siècle fixer la valeur de leur monnaie en métal
précieux ou, ce qui revient au même, fixer le poids, le titre
et la valeur faciale des pièces métalliques. On recourt de plus
en plus à la monnaie de banque, de sorte que l’on distingue la
monnaie suivant sa forme: métallique (les pièces),
fiduciaire (les billets), scripturale (les comptes à vue).
Cette époque, qui se prolongera jusqu’en 1914, est marquée
par quatre grands courants:
1. le développement des instituts d’émission
: ceux-ci tendent à monopoliser l’émission des billets
dans leurs pays respectifs.
2. la multiplication des banques d’affaires:
celles-ci sont des entreprises bancaires qui ne cherchent ni à émettre
des billets, ni à collecter des dépôts mais agissent comme
conseillers, courtiers ou mandataires dans les grands emprunts privés
ou publics, la recherche de capitaux pour des projets importants de financement
des entreprises, l'introduction en bourse, l'achat et la fusion d’entreprises…
Les banques d’affaires sont les héritières des maisons
de commerce ("Merchant banks") et sont placées dès
le départ sous le signe de l’internationalisation. Leur force
repose davantage sur la notoriété et la fortune personnelle
de leurs dirigeants que sur le capital dont elles peuvent se prévaloir.
3. la naissance des banques commerciales, appelées
aussi banques mixtes: celles-ci ont comme objectif initial de collecter
des dépôts et de financer les activités commerciales sous
forme de crédits ou de prises de participations dans le capital des
entreprises. Le capital de ces banques est généralement largement
répandu dans le public sous forme d’actions.
4. la naissance des institutions para-bancaires:
elles sont destinées à répondre à des besoins
spécifiques de la clientèle populaire; ce sont les caisses d’épargne,
les coopératives de crédit, les caisses d’épargne-construction…
1.7. Le 20e siècle (après la guerre 1914-1918) :
les systèmes bancaires Avant la guerre 1914-1918, le mode de fonctionnement
des banques, leur rôle dans le monde reposaient sur quelques règles
rigoureuses, mais simples. A l’exception de quelques pays, aucun n’avait
la prétention de réglementer leur organisation en détail.
Mais à mesure que s’écoule le 20e siècle, l’expression
"systèmes bancaires" entre peu à peu dans le langage
courant.
Quels éléments conditionnent
le développement de la banque au 20e siècle ?
· les moyens de paiement évoluent: la monnaie métallique
L est remplacée par la monnaie fiduciaire L (billets), elle-même
supplantée par la monnaie scripturale L (avoirs en compte).
· Les instituts d’émission deviennent des banques centrales
L , compétentes pour imposer certaines normes aux banques.
· L’Etat affirme sa présence comme organe de contrôle
ou de tutelle.
· L’évolution de l’économie conditionne aussi
les systèmes bancaires des différents pays.
· la spécialisation est concrétisée en Belgique
par la scission, en 1935, entre banques et holdings. Afin de protéger
les dépôts, on interdit aux banques de détenir des participations
industrielles jugées trop risquées.
. Les développements techniques et l’internationalisation
Depuis 1940, les développements techniques ont élargi notre
monde. L’activité bancaire se développe actuellement dans
un cadre international rendu possible par le progrès des transports
et des télécommunications. La naissance d’organismes supranationaux
(BRI, BIRD, FMI…) indique combien les législations doivent être
élaborées selon des normes internationales.
L’Union économique
et monétaire
Depuis le 1er janvier 1999, une nouvelle monnaie, l’euro, est devenue
la monnaie unique européenne: les monnaies nationales des onze pays
de l’Euroland ne sont plus que des subdivisions de l’euro, et la
monnaie unique européenne a fait son apparition à travers la
circulation monétaire scripturale. Le 1er janvier 2002, les pièces
et les billets en euro seront mis en circulation. Les pièces et billets
en monnaies nationales de l’Euroland seront assez rapidement retirés
de la circulation.